La chanson en France. Une catastrophe ?
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La chanson en France. Une catastrophe ?
Rémi et moi, deux pauvres incultes noyés en leur océan d'inculture, nous nous plaignons souvent de l'état catastrophique du patrimoine français en matière de chanson populaire. Et pourtant, si on s'arrête trois minutes sur ce postillonnant postulat, on se rend rapidement compte qu'il faut vraiment se retenir de réfléchir pour dire ça (j'appelle ça nos "apnées de l'intelligence", et j'en connais à Creil qui battent des records) ; la chanson française est rutilante, magnifique, sublime ! C'est juste qu'on n'y fait jamais vraiment attention, et qu'on passe tous les jours sans la voir.
Pour corriger cette bévue, je vais m'amuser à détailler un à un les artistes qui comptent, le tout sans me lancer dans d'interminables réflexions musicologiques (même si ça me chatouille déjà d'avance). Et pour commencer, celui qui m'amène ici ce soir :
Lorsque Nino Ferrer le comprend, il tartine ses compos de paroles débiles, et ça donne ça (et le succès démarre) :
(Vous remarquerez les énumérations, comme chez Vian...)
Il revient ensuite en France pour élever des chevaux dans le Quercy. Sa notoriété désormais bien acquise, il retrouve peu à peu le goût de la musique et décide de ne plus répondre à la demande pour enfin se lancer dans la carrière dont il avait rêvé. L'album Métronomie (1970), qualifié de rock progressif (!!!), est un échec commercial : seule la chanson La Maison près de la fontaine, plus classique (et néanmoins superbe, trouve-je), remporte un franc succès, perdue au millieu d'expérimentations rock qui n'ont plus rien à envier à celles des Pink Floyd et autres King Crimson.
Durant 25 ans, il va ainsi égrener les albums dans le même état esprit. Leur hermétisme (il faut vraiment que vous écoutiez l'album Métronomie, soit dit en passant !) laisse le public indifférent, à l'exception de quelques magnifiques ballades acoustiques, et notamment Le Sud (1975), son hymne absolu :
En juillet 1998, sa mère Mounette meurt, laissant un vide certain dans l'existence de Nino. Un mois après le décès de celle-ci, le 13 août 1998, le chanteur se tire une balle dans le cœur en plein champ de blé situé à quelques kilomètres de chez lui, alors qu'il avait commencé à enregistrer avec les Leggs ce qu'il envisageait comme son dernier album, intitulé Suite et fin. Il aurait eu 64 ans deux jours plus tard. Il repose à Montcuq.
Je suis désespéré de voir que ce type passe souvent au second plan, qu'on se souvient uniquement des chansons très convenus de ses débuts et pas suffisamment de ses tentatives plus risquées des années 70-80. C'est un grand qu'on a oublié au fond d'un tiroir.
J'espère que vous avez regardé les vidéos postées, et que mon petit exposé vous donnera envie d'aller plus loin.
Pour corriger cette bévue, je vais m'amuser à détailler un à un les artistes qui comptent, le tout sans me lancer dans d'interminables réflexions musicologiques (même si ça me chatouille déjà d'avance). Et pour commencer, celui qui m'amène ici ce soir :
Nino Ferrer (1934-1998)
Juste pour montrer que déjà, à la base, Monsieur Ferrer n'est pas n'importe qui...http://www.nino-ferrer.com a écrit:Nino Agostino Arturo Mari Ferrari, plus connu sous le nom de Nino Ferrer, est né le 15 août 1934 à Gênes (Italie) de parents franco-italiens.
Il passe les cinq premières années de sa vie en Nouvelle Calédonie, puis la période de la guerre en Italie.
Arrivé à Paris en 1947, il y réside pratiquement sans interruption jusqu'à 1977, puis s'installe dans le Quercy.
Études supérieures en Sorbonne, licence ès lettres axée sur l'ethnologie, l'histoire des religions, la préhistoire, ainsi que la littérature et la philologie italiennes. Stage au musée de l'Homme, au département de préhistoire, sous la direction de Monsieur André Leroi-Gourhan, avec qui il participe à plusieurs campagnes de fouilles, en France et en Espagne.
Avant que le rock'n'roll ne fasse son apparition, les petits Français sont déjà fascinés par les sons transatlantiques du jazz noir-américain. Ils le récupèrent, le travaillent à leur sauce, à leur culture, en le teintant de nonchalance et de légèreté (les Noirs-américains jouaient du jazz pour un public noir-américain ; les Français, eux, qui ne sont ni Noirs ni Américains, doivent s'adapter pour séduire autrement, et ça passera majoritairement par la parodie).Wikipedia a écrit:À la fin de ses études, Nino Ferrer part faire le tour du monde sur un cargo, participe à quelques fouilles en Mélanésie et, de retour en France, se consacre à une musique qui depuis longtemps le fascine : le jazz. Sa discographie commence en 1959 - puisqu'il fut cette année-là contrebassiste sur deux 45 tours des Dixies Cats et l'année d'après bassiste sur un disque des Gottamou. Au début des années 1960, il accompagne la chanteuse américaine Nancy Holloway et propose, en vain, ses propres compositions aux maisons de disques.
Lorsque Nino Ferrer le comprend, il tartine ses compos de paroles débiles, et ça donne ça (et le succès démarre) :
(Vous remarquerez les énumérations, comme chez Vian...)
Wikipedia a écrit:Son rôle de chanteur décalé possède des avantages certains (succès, argent, conquêtes) mais le caractère plutôt entier de Nino Ferrer s'en accommode mal. Rompant avec le showbiz, il quitte la France et part s'installer en Italie où il restera trois ans, jusqu'en 1970. Alors que des disques continuent de sortir en France (Le téléfon, Mao et Moa, Mon copain Bismarck nettement plus ironiques), Nino Ferrer gagne en notoriété grâce à une émission qu'il anime, Io, Agata e tu.
Il revient ensuite en France pour élever des chevaux dans le Quercy. Sa notoriété désormais bien acquise, il retrouve peu à peu le goût de la musique et décide de ne plus répondre à la demande pour enfin se lancer dans la carrière dont il avait rêvé. L'album Métronomie (1970), qualifié de rock progressif (!!!), est un échec commercial : seule la chanson La Maison près de la fontaine, plus classique (et néanmoins superbe, trouve-je), remporte un franc succès, perdue au millieu d'expérimentations rock qui n'ont plus rien à envier à celles des Pink Floyd et autres King Crimson.
Durant 25 ans, il va ainsi égrener les albums dans le même état esprit. Leur hermétisme (il faut vraiment que vous écoutiez l'album Métronomie, soit dit en passant !) laisse le public indifférent, à l'exception de quelques magnifiques ballades acoustiques, et notamment Le Sud (1975), son hymne absolu :
En juillet 1998, sa mère Mounette meurt, laissant un vide certain dans l'existence de Nino. Un mois après le décès de celle-ci, le 13 août 1998, le chanteur se tire une balle dans le cœur en plein champ de blé situé à quelques kilomètres de chez lui, alors qu'il avait commencé à enregistrer avec les Leggs ce qu'il envisageait comme son dernier album, intitulé Suite et fin. Il aurait eu 64 ans deux jours plus tard. Il repose à Montcuq.
Je suis désespéré de voir que ce type passe souvent au second plan, qu'on se souvient uniquement des chansons très convenus de ses débuts et pas suffisamment de ses tentatives plus risquées des années 70-80. C'est un grand qu'on a oublié au fond d'un tiroir.
J'espère que vous avez regardé les vidéos postées, et que mon petit exposé vous donnera envie d'aller plus loin.
Re: La chanson en France. Une catastrophe ?
J'adore Nino Ferrer. Je me rappelle d'une cassette avec ses grands tubes, que j'écoutais sur la route des vacances, dans ces longues heures étouffantes qui s'égrenaient en voiture. Tout le délire des chansons, que me rappellent maintenant Boris Vian...Je me souviens du Sud, que je trouvais déjà jolie à l'époque.
Sa tête dans Mirza me fait penser à Bill Nighy...
Merci pour ce post qui m'a rappelé un chanteur que j'aime bcp. Faudra que j'essaye de trouver Métronomie. Et je te conseille de continuer cette série, voire même d'essayer de la publier ailleurs.
Sa tête dans Mirza me fait penser à Bill Nighy...
Merci pour ce post qui m'a rappelé un chanteur que j'aime bcp. Faudra que j'essaye de trouver Métronomie. Et je te conseille de continuer cette série, voire même d'essayer de la publier ailleurs.
JiBé- Ennemi Public N°1
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Humeur : A la recherche de l'activité perdue...
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: La chanson en France. Une catastrophe ?
Wotta post, wotta post !
Sacré bel exposé, dites-moi... Bon, Il est presque quatre heures du mat' et pour le coup, je suis en pleine apnée d'intelligence, après une journée à triturer mes neurones (je sais, je sais, ça rend sourd) pour rédiger ce fichu mémoire, donc ce n'est même pas la peine que j'écoute tout ça -mais je reviendrai...
En attendant, la chanson française, méhoui c'est bien ! Gainsbourg, Bashung, Ferré, Trénet, Vian, Brassens, et plein d'autres... bien bien bien, tout ça, okay... Mais la chanson française aujourd'hui ? Qui vaut le coup, dans la chanson française aujourd'hui ?
Une qui est très bien, remarquablement intelligente, c'est Juliette... Qui d'autre, folks ?
Et puis le rock français, alors ? Ca existe vraiment ? Y a des choses bien aussi ? à part Bertrankanta & the Black Lust ?
Moi, je ne demande qu'à être édifié... Et dormir, aussi, ce serait sympa, maintenant que j'y pense
Bon. Je reviendrai, avec la tête plus claire !
Sacré bel exposé, dites-moi... Bon, Il est presque quatre heures du mat' et pour le coup, je suis en pleine apnée d'intelligence, après une journée à triturer mes neurones (je sais, je sais, ça rend sourd) pour rédiger ce fichu mémoire, donc ce n'est même pas la peine que j'écoute tout ça -mais je reviendrai...
En attendant, la chanson française, méhoui c'est bien ! Gainsbourg, Bashung, Ferré, Trénet, Vian, Brassens, et plein d'autres... bien bien bien, tout ça, okay... Mais la chanson française aujourd'hui ? Qui vaut le coup, dans la chanson française aujourd'hui ?
Une qui est très bien, remarquablement intelligente, c'est Juliette... Qui d'autre, folks ?
Et puis le rock français, alors ? Ca existe vraiment ? Y a des choses bien aussi ? à part Bertrankanta & the Black Lust ?
Moi, je ne demande qu'à être édifié... Et dormir, aussi, ce serait sympa, maintenant que j'y pense
Bon. Je reviendrai, avec la tête plus claire !
Rémi / Coraxio- Barbiturique
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Localisation : Compiègne/Charenton
Emploi/loisirs : humilier le Conseil des 4
Humeur : the Blues are still number one !
Date d'inscription : 26/03/2008
Re: La chanson en France. Une catastrophe ?
Méhoui, c'est bien ! Seulement, on parle toujours de Brel (qui est belge), de Ferré (qui est monégasque) et de Brassens (qui est français !). Et puis un peu de Gainsbourg, aussi... J'essaie surtout de déterrer d'autres artistes, français ou francophones, qu'on oublie trop facilement. Anciens, ou plus récents. Parce que bon... on peut encore difficilement parler de "richesse" quand on isole "trois teigneux et un pelé"...
Je vois d'ailleurs que ta mini-liste manque de femmes, Maître Corbeau. Ce qui me donne une idée.
(Non... c'est pas ce que tu crois )
Sinon, pour ce qui est des choses plus récentes, j'ai déjà deux pistes qui pourraient te combler. Même si l'une de ces deux pistes est française, mais chante en anglais. M'enfin... c'est si bon que je vais me le permettre
A ce soir pour un nouvel épisode !
Un indice (pas pour ce soir, mais pour le rock français) : la solution est à chercher majoritairement dans les années 80. Ce qui est un comble, quand on connait la réputation de ces mêmes années...
Pis sinon, JiBouille : je suis content de t'avoir contenté ! J'ai moi aussi pris beaucoup de plaisir à me replonger dans Nino Ferrer. Il a tourné en boucle tout le week-end !
Je vois d'ailleurs que ta mini-liste manque de femmes, Maître Corbeau. Ce qui me donne une idée.
(Non... c'est pas ce que tu crois )
Sinon, pour ce qui est des choses plus récentes, j'ai déjà deux pistes qui pourraient te combler. Même si l'une de ces deux pistes est française, mais chante en anglais. M'enfin... c'est si bon que je vais me le permettre
A ce soir pour un nouvel épisode !
Un indice (pas pour ce soir, mais pour le rock français) : la solution est à chercher majoritairement dans les années 80. Ce qui est un comble, quand on connait la réputation de ces mêmes années...
Pis sinon, JiBouille : je suis content de t'avoir contenté ! J'ai moi aussi pris beaucoup de plaisir à me replonger dans Nino Ferrer. Il a tourné en boucle tout le week-end !
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